La foule

La foule était dense en cette journée de juillet, on aurait dit que toute une ville s'était improvisé vacancière et qu'il fallait se retrouver ce jour là dans les rues.

Les marchants hurlaient à chaque coin de rue, ils semblaient tous vendre le miracle du siècle. A croire qu'on n'avait pas assez de la télé pour nous embobiner dans la consommation, il fallait maintenant qu'on me hurle dans les oreilles. 

Bon suffit de se plaindre, après tout on pourrait imaginer qu'on est dans une caverne pleine d'objet en tout genre, tous aussi inutiles les uns que les autres, mais ce n'est pas vraiment l'important.

On aurait peut-être dû imposer un sens de circulation dans ces rues, vous savez comme sur la route, l'objectif étant d'éviter les collisions, en toute sorte de rapprochement un peu trop physique avec ces inconnus. Pour l'instant ce n'est pas le cas, alors je dois avancer droit devant moi tout en prenant garde de ne percuter personne, je sais que je ne gagnerais pas au corps à corps, alors je ne m'y risque pas. Il faut aussi garder un oeil sur les personnes qui m'accompagnent, à croire qu'elles n'ont pas le même instinct de survie que moi, je les vois s'arrêter à chaque stand découvrant des merveilles. Moi je n'y comprends rien, je cherche seulement un coin d'air pur, un endroit ou l'espace ne serait pas confiné.

Ce qui me rend dingue c'est cette proximité, je peux apercevoir sans trop forcer, la moindre ride sur le visage du voisin, ou encore l'odeur plus ou moins agréables des passants, ça c'est beaucoup trop d'intimité pour moi ! Et pourtant personne ne semble y prêter attention. 

Folie passagère. Mon imagination sauveuse se met à imaginer de drôle de situations.

Et si d'un coup il y avait le feu, je me demande dans quel sens irait cette "foule", en fait elle deviendrait sûrement une masse meurtrière. Au secours il faut que je sorte !

L'angoisse doit certainement se lire sur mon visage, les sourcils froncés, l'air égaré, j'avance rapidement et mon corps semble crispé, pris parfois de petite secousse traduisant à coup sur mon  malaise.

Et puis sortie de tout le bruit de la ville, un jeune homme s'adresse à moi : il y a beaucoup de monde n'est ce pas ?

Je m'arrête, je ne suis pas certaine qu'on s'adresse à moi, ah pourtant si, le voilà qui me sourit, son visage commence à se définir, je l'aperçois et le distingue enfin des autres.

J'ose un sourire aussi, plutôt timide. Il m'aurait sorti du trouble l'espace d'un instant et je vois enfin la fin de la rue arriver.

Pitié, plus jamais ça.